Municipales : la mode des “alternatives” citoyennes.

Nous sommes en septembre 2019, période clé pour les décisions des organisations politiques quant à la prochaine échéance électorale : les municipales.

Comme à chaque échéance électorale, se pose la question de la fameuse “union de la gauche”. Cette élection sera-elle l’élection où, enfin, toutes les forces se réclamant de gauche, main dans la main, livreront la bataille électorale qui leur permettra d’accéder au pouvoir ? Et comme souvent, en marge des discussions des organisations classiques, tapis dans l’ombre, quelques citoyens décident de s’auto-organiser et de créer une force politique nouvelle et émancipatrice. Aurons-nous le bonheur et la chance d’avoir une liste rassemblant forces citoyennes et politiques de gauche ? Celle-ci accèdera-t-elle à la mairie de … en 2020 ? Pour le savoir : rendez-vous en mars.

Cependant, j’ai bien peur que sous la robe de la réalité se cache parfois la plus grosse mais pas la plus rouge des illusions. En effet, l’émergence de fameux “collectifs citoyens”, vendus la plupart du temps comme l’initiative de personnes hors de tout parti, produit fréquemment un écran de fumée dissimulant une pratique politicienne qui se développe au fil des ans.

Si le matelas semble neuf il peut y avoir de vieux ressorts. Cela fait maintenant plusieurs années, des décennies même, que l’enjeu du renouvellement des organisations politiques est présent, surtout à gauche. Cette tendance s’est confirmée ces dernières années. Lors du mandat de François Hollande, le PS s’ingéniait à cacher son logo et cherchait à passer pour citoyen. Les forces les plus à gauche tentaient de rassembler plus largement ou à se rassembler tout court, trouvant dans l’appel aux citoyens une opportunité idéale. En effet, il est plus facile de converger par le biais d’un mouvement citoyen que de s’unir directement entre partis politiques. Pourquoi ? Parce qu’un ou plusieurs tiers facilitent les négociations mais aussi parce que cela fait apparaitre la démarche comme plus saine, plus démocratique, moins électoraliste.

Et il est vrai que c’est souvent une base de personnes non-encartées, relevant d’un authentique renouveau politique, qui est à l’origine d’un embryon d’organisation voire d’une organisation structurée. L’objectif des partis sera alors de s’en servir comme caution et symbole d’adhésion à leurs convictions. Dans le meilleur des cas, la sincérité du rapprochement et la réelle convergence des convictions permet un terrain d’entente entre les militants politiques et les personnes nouvellement politisées. Mais si ce n’est pas le cas, il est rare de trouver des organisations suffisamment solides pour résister à un parasitage de militants formés et expérimentés qui inévitablement prendront la main sur la démarche électorale.

Les municipales de 2020 sont un événement politique important car c’est une élection intermédiaire majeure après l’élection d’Emmanuel Macron et l’effondrement des partis traditionnels. Autant dire qu’entre les partis historiques à genoux et des mouvements politiques cherchant à continuer de les enterrer, nous verrons très certainement émerger de nombreux mouvements citoyens. D’autant plus que l’élection municipale en elle-même s’y prête particulièrement bien car c’est l’élection locale par excellence.

L’idée n’est pas ici de s’indigner contre cette pratique. Après tout, nous pouvons même à certains égards considérer qu’il est plutôt sain d’avoir des partis traditionnels, conscients de leurs limites, qui acceptent de répondre à une problématique de plus en plus prégnante : le rejet de l’oligarchie politicienne. Cependant, il s’agit de toujours veiller à ce qu’une démarche citoyenne en soit bien une pour ne pas tomber dans une dérive électoraliste, ou pire, se servir d’un prétexte de « dynamique citoyenne émergente » pour justifier un grand recyclage des vieilles pratiques avec celles et ceux qui vont avec.

Suivons donc cette évolution avec intérêt, sans naïveté, et rendez-vous en mars pour le Sacre du Printemps.

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